La dixieme porte de l'enfer
Titres: |
- Le socle propédeutique des logiques transverses - La gestion des interfaces relationnelles - La gouvernance du changement | ||
Auteur: |
Paul Dautrans | ||
Editeur: |
Sribedit |
Date de parution: |
2008 |
Cette trilogie, parue sur Sriptoblog (voir les liens partenaires), est une satire sociologique cruelle mais tellement juste des grandes sociétés multinationales actuelles. D'aucuns s'arrêteront peut-être à la grossièreté de ses métaphores sodomites (pour résumer à la Voltaire : un tel ordre infernal ne peut se concevoir sans l'existence d'un « Grand Enculeur », responsable de tout…), mais ce serait passer à coté de toute l'analyse drôle et pertinente des ressorts de ces bureaucraties désincarnées…
Ainsi en est-il de ces inflations verbeuses et prétentieuses, parfaitement illustrées par les trois titres (Le socle propédeutique des logiques transverses !), et qui n'existent que pour justifier les salaires de ces « brasseurs de vent », indécemment multiples de ceux des pauvres gars qui manardent des caisses à la base du système…
De même, la très bonne analyse psychologique de ces petits cadrillons qui se gargarisent de métaphores tactiques et militaires pour évoquer leur « guerre économique », en oubliant que leur effort principal est dirigé contre un ennemi qui est, non pas extérieur, mais davantage leur voisin de bureau, à qui il faut savonner la planche pour prendre sa place, ou tout simplement pour prévenir le seul risque qu'ils encourent : faire partie de la charrette de la prochaine réorganisation. Finalement, les qualités qui font ressortir les meilleurs de ces « tueurs » ne sont pas le courage physique (ni même intellectuel !), mais plutôt une terriblement médiocre servilité ! Ainsi, un cadre supérieur trop brillant se voit interdire de ce fait les plus hauts postes, parce qu'on n'a pas assez de contrôle sur lui…
Au fur et à mesure que le héro narrateur monte dans la hiérarchie, il prend conscience de l'autonomie de cette bureaucratie par rapport à l'économie réelle. Bien sûr, il a fait un peu de terrain au début : il est descendu en province pour annoncer à des « bouseux » la fermeture et la délocalisation de leur usine ; il a vu des ouvrières chinoises bien plus serviles et meilleur marché que les emmerdeurs syndiqués de nos contrées… Mais l'essentiel n'est pas là ! Il a fait l'apprentissage dans ces multinationales des mécanismes d'une création de richesse, artificielle et purement financière spéculative, qui s'affranchit pratiquement du prétexte de la production réelle ! Et surtout, il perce la nature infernale du système (la « dixième porte » qui a échappé à Dante) dans sa vanité déshumanisante, exposée avec un cynisme désabusé à la fin du troisième tome.
Bref, il est urgent de rire avec cette trilogie car, même en ces temps de crise financière, on n'a peu de chances de pouvoir se divertir avec la défenestration de tout ce beau monde, comme en 1929 : de nos jours, les seuls qui sauteront le feront avec un parachute doré !
Bibliographie
- Les trois livres peuvent être téléchargés ou mieux, commandés ici, ici et ici
- Un entretien de l'auteur après la parution du Socle propédeutique
- Le Principe de Peter, LGF- Livre de Poche, 1998
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