Ci-dessous, une lettre envoyée au courrier des lecteurs:
«A propos du passionnant article du numéro 49 de la revue, «1940. La revanche de la Reichswehr», qui montre bien que la supériorité militaire allemande de 1940 est un fait qui ne s'est pas démenti depuis 1807, je crois qu'il n'est pas beaucoup d'officiers français à l'avoir compris ces 2 derniers siècles.
Pourtant, l'un d'eux l'avait parfaitement analysé: le capitaine Louis-Nathaniel Rossel (1844-1871). Officier polytechnicien d'origines cévenole par son père et écossaise par sa mère, il a rallié la Commune de Paris après la défaite de 1870. Il affirmait que «la décadence de l'art de la guerre date de Napoléon (…) qui proscrivit la spontanéité et ne demanda plus que l'obéissance. (…) Bonaparte était le disciple du grand mouvement intellectuel du XVIIIe siècle; mais, croyant protéger en les cachant les ressorts de sa puissance, il voulut que la guerre, science pour lui, ne fut plus qu'un métier pour les autres.» Cette attitude subalterne suscitée jusque parmi les généraux est l'origine de l'appellation de «Grande Muette», qui sied si bien à l'Armée française, plus parce que son corps d'officiers est castré que parce qu'il serait éventuellement bâillonné! Outre les défaites successives de 1813 à 1940 contre l'armée prussienne puis allemande (bien analysées dans l'article, et auxquelles ne déroge pas vraiment 14-18, dont la victoire volée n'est pas imputable à l'armée française seule, et encore moins au génie de son Etat-major!), et malgré des velléités d'organiser un enseignement militaire supérieur au début de la IIIe République pour préparer la Revanche, on trouve encore la manifestation de cette servilité parfaitement intégrée, dans le « putsch » des généraux de 1961 qui, de l'aveu même des acteurs, n'était qu'un «baroud d'honneur», soit tout l'inverse d'un coup d'état militaire comme le laisserait penser l'appellation classique... Rossel est mort trop jeune pour être notre Clausewitz!
Merci pour votre excellente revue qui n'a pas d'égal pour tirer intelligemment des leçons pertinentes de l'histoire.
Georges C.»
Outre cet article, le dossier présente une remarquable synthèse sur l'Afghanistan, des origines au conflit actuel, en passant par le «Grand Jeu» entre Russes et Anglais dans cette région, et par l'intervention soviétique de 1979-89.