Tu es dur ! Au contraire de toi, j?ai trouvé que c?était un beau film, qui abordait son sujet avec assez de profondeur?
D?abord, il a le bon gout de ne pas finir avec une « happy end » à l?américaine ! Ensuite, il dépeint bien la superficialité pourrie et vicieuse de cette société, et l?on peut trouver sympathique le refus que le héro oppose à la réussite matérielle mais tellement médiocre qu?on lui offre sur un plateau (le film est tiré d?une histoire vraie, et je crois que les carnets retrouvés, qui ont servi à faire le film, ont été publiés). Dans le refus de cette société futile et dénuée de sens, le film montre bien l?impasse et la fausse route des fausses « marginalités »? Car, plus que des marginaux, tous les personnages rencontrés sont en fait des épaves, mortellement touchées par le système : tous divorcés et ayant souffert jusqu?à leurs limites, aucun n?a la force ou la volonté d?aller plus loin dans la révolte, et tous se contentent de panser leurs plaies dans une illusion plus ou moins consciente de bonheur?
Reste donc la retraite ou l?ermitage, que choisit d?expérimenter jusqu?au bout le héro? Seulement, comme tu le fais justement remarquer, l?ermite ne développe hors de la société que l?héritage qu?il y a acquis ! Et son passé de petit bourgeois ne le prédispose pas à être un trappeur ! Qu?importe ? De toute façon, la fin tragique du film (qui est aussi celle de ce pauvre gars, mais qui a surement plus de sens que la vie des autres, après leur mort sociale?) est la seule acceptable? Imagine qu?il soit rentré, qu?il ait écrit un bouquin à partir de ses notes, et qu?il ait gagné argent et notoriété médiatique avec son best-seller, réalisant ainsi, malgré tout, le rêve américain? C?est ça qui aurait été absolument insupportable et niais !