Ballade buissonnière pour un Maréchal défunt (H. Fardas)
Titre: |
Ballade buissonnière pour un Maréchal défunt |
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Auteur: |
Hervé Fardas |
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Editeur: |
Dominique Martin Morin |
Date de parution: |
Octobre 2011 |
Voilà un roman très frais, haut en couleur, qui fait irrémédiablement penser aux «hussards» de l’après-guerre, comme Jacques Perret (que je cite surtout parce que c’est le seul que je connais un peu plus que les autres : je ne veux abuser personne sur l’étendue de ma culture littéraire…).
Le point de départ de cette aventure rocambolesque, qui se déroule en 1973, est l’idée de substituer le corps d’un poilu anonyme, découvert fortuitement au cours de travaux, à celui reposant à l’ile d’Yeu du maréchal Pétain, afin de réaliser les vœux de ce dernier et de l’inhumer à Verdun. Pour la petite histoire, De Gaulle aurait affirmé, péremptoire, que « pour qu’un chef soit enterré sur un champ de bataille, il faut qu’il s’y soit battu et qu’il y soit mort ». A quoi un journaliste un peu plus irrévérencieux que la moyenne aurait répondu en demandant si « un général qui avait passé la guerre derrière un micro devait être enterré derrière un micro »… Mais, revenons à notre équipée furieuse qui rassemble des personnages assez hétéroclites avec ses prêtres en soutane, ses anciens combattants de la Grande Guerre, ses anciens légionnaires, le tout aux ordres du dernier représentant d’une vieille lignée de noblesse en voie d’extinction… Tous ont en commun d’avoir échappé au moule de la société contemporaine, voire d’être un brin nostalgiques, ce qui donne un ton décalé et totalement anticonformiste. La folie de leur entreprise et leur enthousiasme n’ont rien à envier aux « biffins de Gonesse » !
Sans être entièrement sobre (mais juste tempérante, à quelques très rares exceptions près), l’histoire est globalement moins alcoolisée que dans les romans de Jacques Perret, ce qui nous donne des dialogues plus graves, plus sérieux : on y gagne en profondeur dans les propos affreusement (ou délicieusement, c’est au choix) réactionnaires. Au risque de m’attirer les foudres de l’auteur, j’avancerais comme hypothèse explicatrice que les temps ont changé, avec le passage de la loi Evin castratrice… En revanche, l’art culinaire tient une place de premier rang, ne serait-ce que pour se démarquer de la sous-culture américaine qui envahit si facilement notre médiocrité démocratique… Dans ce registre, la dégustation d’un tourteau est l’occasion d’une métaphore tauromachique, où la pose de banderilles tient la place du travail de cape immortalisé par Belmondo dans le film « un singe en hiver ».
Ce roman est aussi l’occasion de nombreuses digressions, toujours impertinentes, tour à tour drôles ou quasi pédagogiques. Ainsi, l’exégèse complète de la messe de requiem (selon le rite traditionnel, bien sûr !) aurait parfaitement sa place dans un ouvrage catéchétique sur la messe.
Merci à l’auteur pour cet excellent moment : je sais grâce à lui que l’esprit des Hussards n’est pas mort !
Georges
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