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Conscription ou armée de métier?

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Malgr? tout, les appel?s font de meilleurs soldats que les volontaires

Fort de son exp?rience de v?t?ran, Jeff Danziger se demande s'il vaut mieux mener une guerre avec une arm?e de conscrits, comme ce fut le cas au Vietnam, ou des volontaires, comme en Afghanistan et en Irak.

19.11.2009

Les Etats-Unis ont livr? la guerre du Vietnam en recourant essentiellement ? des conscrits. S'ils ?taient admis aux tests m?dicaux, les appel?s ?taient incorpor?s dans l'arm?e pour une p?riode de deux ans. La plupart rejoignaient l'infanterie. Certains, comme moi-m?me, optaient pour une formation suppl?mentaire afin d'obtenir une autre affectation. C'est ainsi que j'ai demand? de suivre des cours de vietnamien pendant un an, en pensant que la guerre pourrait s'achever d'ici l?. J'ai fini par ?tre interpr?te de l'arm?e... dans l'infanterie.

Les guerres d'Irak et d'Afghanistan, elles, font appel ? des volontaires. Ces derniers sont pay?s davantage, mieux trait?s et on ne leur crie pas dessus. Ils sont ?galement priv?s du droit fondamental du soldat : celui de se plaindre. Quel que soit le sort qui les attend - blessure, mort ou simplement peur bleue ? la vue de camarades bless?s ou tu?s -, ils ne doivent s'en prendre qu'? eux-m?mes. Ils ne peuvent pas se plaindre de se trouver dans des endroits dangereux ou d'?tre constamment envoy?s dans des zones de combat. Non seulement ils se sont port?s volontaires pour de telles missions, mais ils peuvent rentrer au pays quand ils estiment qu'ils en ont assez fait.

Quel est le meilleur soldat ? Un appel? est enr?l? contre son gr? dans l'int?r?t de la d?fense du pays. Sa vie est interrompue. Il perd son travail et n'est pratiquement pas pay?. On pourrait croire que ce d?vouement suscite une vive admiration chez ceux qui restent tranquillement chez eux. Mais, durant la guerre du Vietnam, les appel?s ?taient m?pris?s et raill?s en public par ceux-l? m?mes qu'ils rempla?aient sur les lignes de front.

Dans la guerre en cours, les volontaires sont presque aussi soutenus et admir?s que les soldats de la Seconde Guerre mondiale en leur temps. Ils ont des d?fil?s, des drapeaux et d'excellents soins m?dicaux. Aucun m?dia, qu'il soit pour ou contre la guerre, ne commence une interview sans un t?moignage de gratitude pour les "services rendus" au pays. M?me des leaders d'opinion qui consid?rent la guerre comme une man?uvre malhonn?te r?sultant de la stupidit? de Bush et de la cupidit? de Cheney remercient les soldats pour leurs actions.

Mais, dans les couloirs du Pentagone, o? se jouent les grandes d?cisions, la question est de savoir quel type de soldat est pr?f?rable pour gagner les guerres. Les appel?s, qui peuvent ?tre tr?s qualifi?s et instruits, sont-ils plus productifs dans une unit? de combat, m?me s'ils sont manifestement l? contre leur gr? ? Ou les volontaires, qui ont choisi de braver le danger, font-ils des soldats plus comp?tents et attentifs ?

R?cemment, la tr?s s?rieuse ?mission de reportage Frontline, diffus?e sur la t?l?vision publique, suivait une unit? d'infanterie en Afghanistan. Les soldats am?ricains ?taient tous des volontaires, et ils partaient en patrouille dans certaines des zones les plus redoutables du pays. La cam?ra les escortait dans des villages d?sert?s pendant qu'ils interrogeaient des paysans entour?s d'enfants pleins d'entrain, qui vivaient manifestement en dessous du seuil de pauvret?. Les soldats am?ricains semblaient un peu perdus. Quand la cam?ra s'est ?loign?e, ces hommes que leurs patrouilles menaient de nulle part ? nulle part sont apparus comme de minuscules silhouettes dans l'immensit? de l'Afghanistan. Le chargement presque comique d'armes et d'?quipements technologiques sous lequel ils ployaient ne faisait qu'ajouter ? cette impression. Ils avaient l'air d?sesp?r?, voire cr?tin. Quand ils ont fini par arriver ? un village, le chef de patrouille a expliqu? avec v?h?mence les plans et les objectifs de ses sup?rieurs. Les habitants ?coutaient en se frottant la barbe. Le message ne passait pas. L'interpr?te ne traduisait que les phrases les plus ?l?mentaires. La disproportion entre le nombre insuffisant de soldats am?ricains et la gravit? de la menace repr?sent?e par les talibans est devenue manifeste. Ce n'?tait pas seulement frustrant, c'?tait ?galement dangereux. Comme en r?ponse ? la tension, un coup de feu claqua et les Am?ricains ripost?rent comme des malades. Le chef de patrouille hurla des instructions, dont la plupart ne servaient pas ? grand-chose. Ses hommes, pli?s sous les sacs, les ceintures, les masques et les sacs ? dos, ne pouvaient pas faire grand-chose de plus que de tenir leur position et de faire usage de leurs munitions. Quand les tirs se calm?rent, la patrouille resta fig?e.

On aurait dit que le fait de ne pas avoir r?ussi ? obtenir le soutien du village, combin? ? un ?change de tirs qui n'avait d?bouch? sur rien, avait mis une id?e d?moralisante dans la t?te des soldats, et peut-?tre n'?tait-ce pas la premi?re fois : ils se disaient qu'ils ne voulaient pas ?tre l?.

L'avantage que les appel?s ont sur les volontaires est qu'ils en ont conscience d?s leur premier jour sous les drapeaux : ils sont l? contre leur volont?, ou du moins contre leur souhait. La guerre est un choix foireux. C'est une n?cessit? qui r?sulte d'un ?chec de l'intelligence et de l'ing?niosit? humaines. Mais aujourd'hui le Pentagone et le peuple am?ricain cachent cet ?chec derri?re les banderoles et les m?dailles. Ne serait-il pas plus honn?te et, en derni?re analyse, plus productif d'admettre que nous sommes dans une impasse et de commencer ? recruter des soldats suffisamment intelligents pour reconna?tre, le cas ?ch?ant, que leurs efforts sont vains ?

Quand j'ai ?t? appel?, je me suis d'abord senti terriblement seul, m?me quand j'?tais entour? par mes camarades. Puis j'ai fini par comprendre que ce choix ?tait le n?tre, du moins en partie. Nous aurions pu aller au Canada [comme l'ont fait beaucoup de ceux qui refusaient d'aller faire la guerre au Vietnam], mais nous ?tions l? parce que notre pays avait besoin de nous. Parce que nous ?tions Am?ricains. Du moins c'est ce que nous pensions ? l'?poque. Nous reconnaissions aussi que la situation ?tait ?pouvantable, qu'elle n'allait pas s'am?liorer, et que nous devions partir ? la premi?re occasion. Et aussi que nous n'avions pas choisi d'?tre l? mais qu'on nous y avait oblig?s.

Voil? la diff?rence entre des volontaires pleins d'espoir et des appel?s en d?tresse. Le Pentagone peut pr?f?rer des hommes qui choisissent de porter l'uniforme et cherchent l'aventure. Mais des hommes pacifiques, qui ha?ssent les uniformes et les fanfares, peuvent faire de meilleurs soldats.

Derni?re modification le 08-12-2009 ? 16:39:10

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L'argumentation est on ne peut plus spécieuse! Et les travers dénoncés des soldats américains professionnels actuels existaient aussi au Viet Nam (démoralisation des appelés abrutis de canabis...)!
Le débat doit prendre un peu plus de hauteur: la guerre est-elle une activité spécifique régie par une éthique propre, ou est-elle nécessairement totalitaire, englobant les populations dans leur intégralité (conception moderne héritée de la Révolution Française, qui détruit la différence entre combattants et non-combattants)?

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Et: tout homme peut faire un excellent soldat si est seulement si il est :
-motivé (famille-patrie-religion- idéologie)
-encadré et
-SI il pratique!

Tel est ma position, que ce soit "éthique" ou totalitaire...

A toi..

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Bien sûr! Les milices populaires ont existé avant la Révolution et ont pu faire face à des situations de chaos exceptionnelles. C'est très bien illustré par "der Wehrwolf" de Herman Löns, sur l'autodéfense paysanne pendant la Guerre de 30 ans.

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Magnifique exemple! la cruauté des guerres de religion furent extraordinaire!! Alors tu ne me dis toujours pas ce que tu en penses , tu déplaces le sujet.

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Je n'esquive rien du tout! Ce que je pense du texte? Il est nul. Appuyé sur une "argumentation" qui ne tient pas 2 secondes d'analyse, sa principale faiblesse tient à ce que l'auteur, trop impliqué, ne voit pas que la nullité du soldat américain d'aujourd'hui est la même que celle de celui du Viet-Nam... La raison est donc à chercher, non pas dans le mode de recrutement, mais dans l'idéologie matérialiste et dévirilisante que tous partagent.

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Merci pour cette réponse, mais tu te bloc sur les americains; Le sujet est plutôt métier/conscris, et c'est là où je te posais la question, quelques soit le peuple... grecs,romains, allemands, russes.

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C'est difficile de répondre dans l'absolu, tant la question reste subordonnée au contexte civilisationnel dans lequel elle se pose. Je reste nostalgique de la chevalerie (européenne, mais à laquelle on peut rattacher nombre d'autres organisations, comme celle des samourais au Japon), qui confie la guerre à une élite, garante d'une éthique spécifique. Par son importance, cette élite distille ses valeurs dans le corps social, mais en protégeant sans étouffer toutes les autres activités.

Certes, il existe d'autres organisations sociales entièrement tournées vers la guerre et où tous les citoyens mâles sont voués aux armes, comme en Grèce, et plus particulièrement à Sparte. On ne parle là pas encore de conscription car c'est la nature même de citoyen qui implique nécessairement de porter les armes.

En revanche, la conscription est un concept contemporain, qui nait avec la Révolution Française et s'inscrit dans l'idéologie libérale centrée sur le commerce et qui considère la guerre comme anormale. Pour faire face à cette "anomalie", on peut distraire les citoyens de leurs activités normales pour leur faire porter les armes. Ce caractère exceptionnel exclut toute éthique et conduit à une pratique totalitaire de la guerre puisque tout peut se justifier par le retour au "doux commerce" et par l'éradication des fauteurs de guerre, ennemis du genre humain ou de la "civilisation" ("qu'un sang impur abreuve nos sillons"!).
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